
Intrapreneuriat et désobéissance responsable
« Est-ce que tu vas obéir ? »
Combien de fois l’avons-nous entendue cette question teintée d’autorité ? Elle est même devenue, chez certains parents, une ponctuation, un point-virgule entre deux phrases, ou plutôt devrait-on dire, entre deux ordres… Pas étonnant, donc, qu’on ait fabriqué des régiments de cadres raisonnables, au costume impeccablement gris et à l’esprit formidablement conditionné. Des populations sages, consciencieuses, appliquées, efficaces et performantes… tant qu’il s’agissait de reproduire un modèle qui fonctionnait. Pendant des décennies, on a considéré que l’homogénéité réduisait le risque et servait le projet d’entreprise… Bienvenue à Gattaca !
Sauf que le XXIème Siècle démarre sur les chapeaux de roue : mondialisation, révolution numérique, transformation digitale, économie circulaire, modèles ouverts, modes collaboratifs, générations Y ou X, le monde change et avec lui des pans entiers de notre économie. Pour tenir et durer, pour continuer à innover et exister, les entreprises n’ont pas d’autre choix que celui de se réinventer. Or, c’est avant tout par les hommes, et non par les outils (numérique, business models, etc.), que le changement s’amorcera ; c’est par la transformation des postures individuelles que l’aventure collective continuera !
Les entreprises l’ont d’ailleurs bien senti : elles attendent aujourd’hui de leurs salariés qu’ils soient créatifs, inventifs, “disruptifs”, qu’ils expérimentent, qu’ils prennent des risques, qu’ils acceptent la possibilité des erreurs de parcours, voire plus encore, de l’échec. En d’autres mots, qu’ils se comportent comme des entrepreneurs à l’intérieur même de leur entreprise. Pas si simple quand on a tant investi pour former des collaborateurs à la gestion d’un plan de carrière…
L’intrapreneuriat est donc dans l’ère du temps, et c’est une excellente chose. Il suffit d’un mot pour annoncer un vrai changement de paradigme dans l’entreprise. Vouloir ou chercher des “salariés-intrapreneurs”, c’est autoriser l’expression individuelle, la singularité des parcours et des ambitions ; c’est donner de nouveaux espaces et de nouveaux droits ; c’est créer enfin les conditions d’une nouvelle forme de désobéissance : une désobéissance “responsable”, telle que la conçoivent les entrepreneurs. Parce que désobéir ne veut pas forcément dire créer le chaos, refuser l’autorité ou faire le choix de la marginalisation. On peut désobéir à l’intérieur même d’une structure régie par des lois, des contraintes et des habitudes. Il suffit de commencer par une chose toute simple : se désobéir à soi-même et reconsidérer les limites que l’on s’est imposées, souvent sans que personne ne le demande ; des limites qui sont dans bien des cas le fruit d’une mauvaise interprétation individuelle : on surestime les velléités d’autorité et de contrôle de la structure pour laquelle on travaille.
Désobéir, c’est ainsi porter un autre regard sur le métier que l’on exerce et sur la façon de remplir sa mission au sein de l’entreprise. C’est un sujet qui concerne tous les actifs, qu’ils soient entrepreneurs, salariés d’entreprises privées ou professionnels des services publics. L’audace et l’initiative ne sont plus l’apanage des seuls entrepreneurs.
J’ai donc décidé d’élargir les thématiques abordées dans ce blog, et de m’intéresser à l’extraprenance, un mot inventé de toute pièce pour parler de la capacité à entreprendre, à sortir du cadre pour mieux y revenir, à se comporter comme des abeilles en somme ; des abeilles qui partent explorer de nouveaux territoires pour butiner de nouvelles fleurs, puis qui reviennent dans la ruche, cet univers ô combien organisé et structuré, pour partager la richesse de leurs découvertes… Des entrepreneurs, des intrapreneurs ou des “extraprenants”, c’est un peu de tout cela dont nous parlerons ici. Des messages utiles et inspirants pour changer les postures et amorcer la transformation entrepreneuriale des organisations.
Et pour cela, une seule voie : encourager la désobéissance responsable !
« J’étais dans la forêt, j’avais deux chemins devant moi. J’ai pris celui des deux qui était le moins emprunté, et là, ma vie a commencé. » (Robert Frost)
Commentez cet article
Aucun commentaire