Annonçant mon intention d’écrire une série de billets sur les pouvoirs et l’influence dans les entreprises, je fus inondé de réactions passionnées et contradictoires.
Pour les uns, le pouvoir corrompt, il est impur, sa quête cache des intentions manipulatrices ou politiques. La vocation des entreprises est de produire des biens et des services utiles aux clients et usagers et non pour être l’enjeu d’intérêts personnels.
Pour d’autres, au contraire, les entreprises et les organisations publiques, outre leurs raisons d’être, sont des terrains privilégiés de conflictualité entre leurs dirigeants et leurs collaborateurs. Au pouvoir des dirigeants doit s’opposer le contre- pouvoir des organisations représentatives du personnel. L’actualité sociale fourmille d’exemples où les dirigeants syndicaux sont dépassés, voire contestés par leur base.
Certains de mes interlocuteurs pensent que l’on ne devrait pas évoquer le pouvoir dans le contexte critique actuel. Il existe déjà d’autres sujets de préoccupations plus importants : le chômage, la compétitivité, le commerce international, les fluctuations monétaire, les effets du coronavirus et les enjeux environnementaux. Nous devrions tous nous accorder pour construire un futur vivable et durable en bonne harmonie.
D’autres encore, me prédisent un désintérêt, voire un rejet pour ce sujet.
Le pouvoir est un concept écran. Il signifie tout et rien à la fois. Chacun peut lui donner un sens personnel, souvent connoté de jugements moraux. Combien de fois ai-je été entraîné vers des débats idéologiques sur ce sujet ? J’avoue avoir été tenté par cette forme de plaisir intellectuel. Mais tel n’est pas mon propos dans cette série. Je laisse à d’autres le soin d’approfondir cette problématique sur le terrain de la morale, de l’idéologie et de la philosophie.
La focale que je vous propose est opérationnelle. Le pouvoir est la capacité de produire du changement, à influencer le cours des évènement, et le cas échéant freiner ou empêcher un changement. Les managers et les chefs de projets doivent donc être à l’aise dans l’exercice du pouvoir sans tomber dans les travers de l’autoritarisme ou du laisser faire. Les équipiers et intervenants sur les projets repèrent rapidement celles et ceux dont le pouvoir est « flottant ». Ces derniers sont alors court-circuités et sont dévalorisés. La question aujourd’hui est : comment faire autorité avec des équipiers qui challengent votre pouvoir et disposent de réseaux sociaux et de bases de données numériques ?
Les entreprises et organisations publiques n’auraient pas besoin de managers et chefs de projet si les collaborateurs faisaient spontanément ce qui est prévu.
Pour faire avancer un projet, convaincre, négocier, déléguer, créer, innover et pléthore d’autres actions il convient de s’octroyer des pouvoirs et de s’en servir avec élégance.
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9 commentaires
Jean Rocher
Quelle plume quand même, vraiment profond quand on lit un de tes articles,
Jean-Louis Muller
@Jean Rocher : un grand merci pour ce compliment.
Hugo Delle
Bravo pour cet article qui s’annonce vraiment intéressant, on a hâte de voir la suite.
Jean-Louis Muller
@Hugo Delle : La suite est en cours d’élaboration.Je publierai un billet par quinzaine
Eve
@Jean-Louis Muller :
Non..non..c’est parfait de parler du pouvoir. Surtout en cette période ou beaucoup de choses partent en vrille. C’est bien écris, bravo.
Jean-Louis Muller
Oui, c’est bien mon avis
Joe Satin
Voilà une personne consciente de problèmes d’aujourd’hui !! Merci et continuer ainsi
Nathy
Le pouvoir dépend de celui qui l’a. Si on confie le pouvoir à une personne n’ayant pas de valeur et aucun sens de la moralité, c’est sûr que les retombées seront négatives. Le pouvoir peux changer les gens et c’est souvent le résultat qu’on constate chez les personnes de pouvoir.
Stéphane
La société est basée sur le pouvoir. Le tout lorsqu’on le possède est de ne pas forcément le montrer, ainsi l’acceptation de sa personne par tous est facilité. Face à des personnes intelligentes c’est possible.