Samedi, il pleut. Le citadin se lamente : « mon week-end est fichu. » Dans le Loir-et-Cher, le paysan exulte : « après trois mois de sécheresse, il pleut enfin. » Les enfants du citadin sont contents. Papa va pouvoir jouer avec nous plutôt que d’aller au golf. Le fils du paysan est déçu. Il avait donné rendez-vous dans les bois à la petite Sophie. La même réalité, « il pleut » prend des sens complètement différents en fonction des préoccupations et des désirs de chacun.
Les techniques décrites lors du dernier billet vous permettent de passer aisément du « coq à l’âne » , aujourd’hui, je vous propose de voir en même temps « le coq et l’âne. »
Dans les entreprises managées par projets où il convient de faire coopérer des métiers et des cultures différents , la capacité à percevoir plusieurs points de vue est une compétence recherchée.
Par exemple, l’un de vos superviseurs se lamente auprès de vous : « j’ai annoncé à mon équipe les changements à venir concernant nos méthodes et procédures. Et depuis, j’ai l’impression que tous trainent des pieds pour les appliquer. C’est vraiment un problème, les résistances au changement ! »
Les réponses classiques corroborant la plainte n’ont que peu d’effets sur l’état d’esprit de votre collaborateur. Par exemple : « c’est un mauvais moment à passer » ou « cela se tassera » ou « renforces ton argumentation pour les persuader » ou « sois plus directif » ou « écoutes leurs récriminations pour mieux les contrecarrer »…
Pour permettre à ce superviseur de prendre de la distance, de vivre mieux ce qui lui arrive, et trouver des options, sortez le de sa représentation actuelle. Dites lui par exemple : « ces résistances au changement sont la preuve que ce changement est en cours. » Regardez le bien lors de cette intervention. Si vous repérez des signes d’étonnement signifiant : « je n’avais pas envisagé le problème sous cet angle », vous pouvez faire l’hypothèse qu’il se sent moins démuni qu’au départ.
Vous lui offrez à voir son problème sous une autre perspective. Et vous développez ainsi votre propre agilité.
Cinq autres exemples.
- Votre assistante vous avoue : « je me trouve trop timide pour accepter cette promotion. » Dites lui : « cela prouve que vous êtes sensibles aux autres » ou « cela tombe bien, ce poste requiert une grande discrétion. »
- Un client se plaint au téléphone : « Vous êtes trop chers ! » Répondez : « Oui, nous pratiquons des prix supérieurs à nos concurrents. Nous voulons rester votre partenaire votre partenaire à long terme, en vous apportant toujours un service de qualité et en continuant à vous faire bénéficier d’innovations technologiques. »
- Vous êtes chargé de développer les ventes de chaussures de votre entreprise en Afrique. Lors d’une réunion commerciale, l’un de vos vendeurs vous interpelle en public : « Il n’y a rien à faire là-bas, c’est tellement pauvre qu’ils ne portent pas de chaussures ». Et vous : « justement c’est un marché à fort potentiel ! »
- Un technicien vous dit : « Je ne suis plus motivé dans mon boulot. » Lui répondre : « Je trouve déjà encourageant que tu te l’avoues et que tu m’en fasses part. C’est la première étape pour se motiver. »
- Un chef de projet vous dit : « Je me fatigue à aider mes intervenants pour qu’ils n’aient pas d’échecs ! » Provoquez le en affirmant : « Bravo ! Ils seront de moins en moins capables d’en assumer un. »
Au risque de paraitre primaire la manifestation la plus simple de pluri-perspectivité consiste à voir la bouteille à moitié pleine lorsque d’autres pensent qu’elle est à moitié vide.
J’ai choisi aujourd’hui des exemples relationnels et j’aborderai lors du prochain billet des situations plus complexes.
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