Les deux billets précédents vous donnent des clés pour observer et interpréter les « non dits » de vos interlocuteurs lors de relations interindividuelles. Examinons maintenant quels sont les signes non verbaux collectifs.
J’anime des séminaires de présentation efficace des idées destinés aux managers, fondés sur des entrainements intensifs. Pour commencer, chacun des participants est invité à préparer pendant trente minutes une intervention de dix minutes sur un sujet de son choix. L’objectif que je leur assigne est : « les auditeurs doivent à la fois être intéressés et avoir compris votre intervention. » A la fin de chaque prestation, je demande au présentateur s’il estime avoir été compris et interessant. Puis je demande à chacun des membres du groupe quel est son degré d’intérêt et de compréhension et ensuite, de donner des conseils personnalisés au présentateur.
Animant ces séminaires depuis plusieurs années, je constate qu’émergent trois attitudes de la part des présentateurs, la troisième étant la plus efficiente.
1- La centration sur soi
Les premières interrogations de celle ou celui qui adopte cette attitude sont : « vais-je être à la hauteur ? », « vais-je bien m’exprimer ? », « vais-je maitriser mon trac ? », « vais-je bafouiller ? », « vais-je adopter les bons gestes ? »…
Comme si les craintes devaient se réaliser, leurs prestations sont médiocres. La voix n’est pas assurée, des tics de langage se répètent, des gestes parasites détournent l’attention des auditeurs. L’intérêt chute rapidement et le degré de compréhension est faible.
2- La centration sur le sujet
Ces managers cherchent la perfection sur le contenu de leur sujet. Ils préparent avec sérieux leur présentation à l’aide d’exemples, de données chiffrées, de schémas et courbes. Le plus souvent ils élaborent, pour les projeter sur écran, de belles planches type Power Point ou Keynote.
Mais sur le temps total de présentation, ils parlent en regardant leurs tableaux ou leurs notes. Le groupe est le plus souvent silencieux. Certains baillent, d’autres arborent des regards interrogatifs. Mais le présentateur ne perçoit pas ces signes tant il est imprégné par son sujet.
3- la centration sur les autres
Tout en choisissant un sujet qu’ils connaissent bien, ces managers se posent deux questions : « comment intéresser l’auditoire ? » et « comment m’assurer qu’ils comprennent ? »
Pendant plus de 80% du temps imparti ces présentateurs regardent le groupe et repèrent les signes comportementaux émanant de l’auditoire. Ils s’y ajustent en permanence, quitte à s’interrompre et faire des interventions de type : « voulez vous un exemple ? », « je peux vous l’expliquer autrement », « je pense qu’il y a des questions dans l’air »… En bref, des marques de reconnaissance envers son groupe.
C’est ceux là qui obtiennent les meilleurs scores d’intérêt et de compréhension de la part des participants.
Il est notable que plus le manager est centré sur les autres, tout en connaissant son sujet, il est jugé par son auditoire comme étant à l’aise, fluide et compétent. Personne ne relève les quelques tics de langage et les gestes parasites alors que les observations sont plus sévères avec les managers centrés sur eux ou sur le sujet.
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1 commentaire
Florian
Excellent article, très intéressant. Se centrer sur les autres est en effet la clé.
L’empathie, la bienveillance et le partage ne sont pas des valeurs du passé, preuve en est.