Lors du précédent billet, je fustigeais la prédominance de la réactivité sur la pro-activité. De nombreux acteurs, dont vous parfois, pressentent l’émergence d’un problème, mais se taisent pour éviter de passer pour un « oiseau de malheur » ou un défaitiste. Des catastrophes économiques, écologiques , sanitaires , commerciales et sociales pourraient être atténuées, voire conjurées si les doutes étaient exprimés et tracés.
Examinons dans ce deuxième billet méthodologique comment favoriser l’expression des pressentiments dans votre équipe et comment exprimer vos propres doutes à votre hiérarchie.
Commencez par insuffler une philosophie de la clairvoyance autour de vous. Instillez l’idée que ceux qui ne doutent pas, foncent droit dans le mur. Signifiez qu’il n’y a a pas de fumée sans feu et qu’un pressentiment, même s’il ne repose sur aucune donnée observable, peut être un révélateur de l’émergence d’une situation critique. Précisez pour celles et ceux qui fonctionnent en « tout ou rien », que le doute méthodique utile oscille entre exagération et négation. La clairvoyance n’est ni la paranoïa ni l’aveuglement. Le principe de précaution, pris « à la lettre » étouffe toute initiative ; l’absence de précaution exacerbe les risques.
Accompagnez cette philosophie avec des actes concrets. Par exemple, lors de chaque réunion et entretien, prévoyez un temps d’expression des pressentiments : « Sur quels points voulez vous m’alerter? » , « quels sont vos doutes quant à ce projet? » , « des clients ou des partenaires vous semblent ils mécontents même s’ils ne le disent pas ouvertement? »… Sortez du dogme : »celui qui vient avec un problème doit aussi apporter la solution! »
Racontez des histoires- vous en trouverez sur internet et dans des articles- où la mise sous le boisseau des pressentiments a débouché sur des catastrophes.
Autant, il est dans votre rôle de construire ce sens de la clairvoyance avec vos équipes, autant vous pouvez vendre votre clairvoyance à votre hiérarchie. Faites de la « réclame » sur un ou deux problèmes que vous avez pu traiter en faisant remonter les pressentiments de vos collaborateurs. Si votre manager partage la même philosophie que vous sur la clairvoyance, votre tâche en est facilitée. En revanche s’il pense que le doute est une forme de faiblesse et de défaitisme, vous devez faire preuve de persuasion. Comment ? Donnez lui des exemples où les doutes furent pertinents. Dites lui : « lorsque j’exprime un pressentiment ou un doute, je vise des progrès pour notre entreprise ». Faites lui des clins d’œil mythiques, par exemple en lui disant, que tout en pressentant un problème, vous ne voulez pas être la Cassandre du service. Jouez avec le paradoxe : « si vous voulez, je peux me taire et obéir aveuglément pour vivre confortablement ».S’il ne veut rien entendre, tracez vos questionnements par mails.
J’espère que cette série de conseils est judicieuse pour vous et je vous invite à partager vos idées sur cette problématiques avec les lecteurs dans la rubrique « commentaires ».
Encouragez vous la clairvoyance ?
Jean-Louis Muller, publié le
, mis à jour à
AILLEURS SUR LE WEB
Contenu proposé par Taboola
Commentez cet article
5 commentaires
Pierre
J’ai lu vos deux derniers billets avec beaucoup d’intérêt. Il est vrai qu’il est délicat de trouver un équilibre. Il faut prévenir les risques tout en étant innovant et performant. Il faut savoir se protéger et avancer. A ce sujet, chaque entreprise devra trouver son propre équilibre.
Jean-Louis Muller
Oui. La plupart des solutions aux problèmes complexes se situent dans les interstices des organisations que l’on peut aussi nommer zõnes de jeu. A force de vouloir tout régler par les procédures et aligner les comportements , des dirigeants nient l’utilité et la pertinence des méandres de la pensée humaine.
Cordialement
Jérôme ALGIERI-LIGUORI
Bonjour à tous,
Je me permets de vous inviter à consulter notre site internet : http://www.metch-consulting.fr
Nous travaillons régulièrement sur les problématiques liées au Management et aux Ressources Humaines.
N’hésitez pas à nous contacter au 04 93 71 92 82, nous nous ferons un plaisir d’échanger avec vous sur ces sujets qui méritent la plus grande attention.
Cordialement.
Jean-Louis Muller
Bonsoir
j’espere que vous aurez des appels
cordialement
Pascal
Les trop nombreuses procédures mises en place par les entreprises peuvent être handicapantes. Les travailleurs manquent de liberté et à terme ils ne prennent plus d’initiatives. C’est dommage !