A la fin de chaque séminaire que j’anime, j’invite les participants à s’engager sur une seule transposition dans leur contexte professionnel. J’insiste pour qu’ils l’appliquent dès la semaine suivante. Certains d’entre eux, tout en affirmant que les contenus sont riches, annoncent qu’ils vont lire les documents pour pouvoir les appliquer. Vaines résolutions…Je sais par expérience que ces bonnes résolutions de fin de stage sont oubliées face à la quotidienneté du terrain lorsqu’elles reposent exclusivement sur la compilation de connaissances. Je connais de nombreux managers qui connaissent avec précision les théories des motivations, les méthodes de conduite de changement, se révélant de piètres stimulateurs et leaders des changements.
Certes, les savoirs intellectuels nourrissent le cerveau des managers, leur offrent des repères théoriques et pratiques utiles pour exercer leur rôles. Mais du savoir au faire, il y a un pas infranchissable pour celles et ceux qui ne les incarnent pas personnellement. Les connaissances se révèlent inopérantes s’ils ne transitent pas par d’autres organes que le cerveau. Quelles sont-ils ?
Mobilisons le cerveau, non seulement dans sa capacité à stocker et analyser des données, mais surtout dans son rôle de stimulation et de coordination des autres organes.
Le nez, les oreilles et les yeux captent les signes extérieurs et contribuent aux talents d’écoute et d’observation des managers. Les micro- comportements des collaborateurs sont autant de signes de leur approbation, opposition ouverte, grief non exprimé. De nombreux risques psychosociaux seraient atténués par une observation attentive des personnes au travail. Leurs feedbacks comportementaux sont de puissants indicateurs pour celles et ceux qui les perçoivent.
La bouche, la gorge et la langue offrent une large palette de sons, de tonalités et d’accentuations pour exprimer des idées, communiquer et influencer.
Le cœur donne accès à ses propres émotions et celles des autres. Il sait que la colère est le signe d’un besoin de changement, la joie du maintien de la situation, la peur de l’existence d’un risque et la tristesse du passage d’une perte au renouveau.
Les tripes assurent l’engagement dans l’action. L’une des fonctions essentielles des managers aujourd’hui consiste à piloter et accompagner les changements et transformations. Grace à leurs tripes, ils incarnent personnellement ces changements, ce qui les rend crédibles auprès de leurs collaborateurs.
Les poumons servent à ralentir sa respiration lors des situations urgentes ou tendues. Une respiration trop rapide instaure une sensation de panique contagieuse. La lenteur assure des gestes précis et la prise de hauteur nécessaire pour trier l’essentiel, les priorités, les vraies et fausses urgences. Avec ses mains, le manager montre de bonnes pratiques et serre celles de ses collaborateurs pour signifier leur existence.
Les pieds et les jambes assurent la stabilité de l’ensemble.
Etre un manager efficient résulte de la mobilisation de tout son corps. et pour cela, il convient de s’entrainer et de se préserver une bonne hygiène de vie.
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6 commentaires
Pascal
Cet article est extra ! J’aime beaucoup l’angle que vous donnez au sujet. Vous utilisez les parties du corps pour lister les qualités professionnelles nécessaires pour mener à bien une carrière digne de ce nom.
Jean-Louis Muller
Merci.
Cet article illustre en effet l’un des axes de mes convictions : le premier outil du manager est le manager lui même .
Cordialement
Lina
Oui c’est vraiment impressionnant , son interprétation était excellente.
Guillaume
La respiration consciente est un des moyen de garder ses moyens et de se reconnecter à son corps. C’est ce que j’ai appris quand j’ai été formé avant de créer mon cabinet d’experts comptables.
Qu’est ce que vous pensez de ce point?
Jean-Louis Muller
Oui, il est vrai que je n’ai pas hiérarchisé les organes tant ils sont interdépendants. Néanmoins, le travail sur la respiration, et en particulier son ralentissement et approfondissement, permet de régler force problèmes.
Par exemple, lorsque vous êtes soumis à des invectives agressives, avant de prendre la parole face à un auditoire important, dans les situations de panique et d’urgence, pour trouver des arguments en cours de négociation….
Lean management
L’écoute des sensations physiques, et en particulier des bonnes, n’est plus à démontrer. Une situation vous rend nerveux, concentrez-vous sur la partie de votre corps la plus au confort, ou remémorez-vous un instant où vous vous sentiez vraiment bien. Ca marche très bien. Mais les situations de travail, où nous sommes souvent dans l’immédiateté, le rationnel de la technique et des lieux assez impersonnels (pour ne pas dire tristes parfois), permettent-elles vraiment de s’accorder ces moments de reconcentration sur son corps ?