Les amorces de jeux de pouvoir sont repérables en fonction du vocabulaire employé. Voyons les signes les plus courants dans la vie professionnelle, assortis chacun de 3 exemples.
Conditionnel :
– Voudriez-vous être agréable en faisant ceci
– J’aimerais que nous nous accordions sur ce point
– Je ne voudrais pas mettre la pression mais si vous vous ne décidez pas vite.
Questions intero-négatives
– Ne pensez-vous pas que ce serait mieux de faire comme ceci ?
– N’estimez-vous pas que mes arguments soient incontournables ?
– Ne penses-tu pas au fond de toi que tu as tort ?
Auto-questionnement
– Je me pose la question, en quoi vous auriez intérêt à faire ceci ?
– Je me demande si vous avez bien réfléchi à tous les enjeux ?
– Je suis dubitatif sur votre capacité à vous décider vite et bien
« Ou »
– C’est à prendre ou à laisser
– Si tu n’es pas de mon avis, c’est que tu es contre moi
– De deux choses l’une, ou vous vous soumettez ou vous démissionnez
Apparentes informations
– Les dernières études scientifiques démontrent que…
– De nombreux articles parus dans la presse stipulent que…
– Les statistiques sont imparables sur l’intérêt de…
Affirmations d’honnêteté
– Franchement, je tiens à vous dire…
– Vous pouvez, en toute confiance croire en ma parole
– Sincèrement vous êtes…
Vous
– Vous savez bien que…
– Vous qui êtes un connaisseur, vous n’êtes pas sans savoir que…
– Vous aurez l’intelligence de comprendre…
Pléthore de citations
Certains joueurs achètent des recueils de citations pour les ressortir au gré de leurs intérêts. Par exemple, Marc veut vous faire changer d’avis. Au lieu d’argumenter, il réalise des détours allusifs à l’aide de citations.
– « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis »
– « On ne se baigne jamais dans la même eau du fleuve »
– « Seuls les bébés mouillés aiment le changement »
Pas la peine de se mettre en garde lorsqu’émerge un seul de ces signes avant-coureur. C’est la corrélation de plusieurs de ces signes qui peuvent alerter sur une probable tentative de jeu de pouvoir. Mais ce n’est pas sûr et certain à 100%. La lucidité ne doit pas se transformer en obsession. A force de ne percevoir que des signes avant-coureurs dans vos relations amicales, sociales, familiales et professionnelles, vous risquez la paranoïa. Par exemple si l’un de vos interlocuteurs emploie le conditionnel, il se peut qu’il cherche à vous manipuler en jouant sur vos bons sentiments. Il se peut aussi, qu’en toute honnêteté, il soit aimable et atténue la directivité de ses propos.
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6 commentaires
Evelyne
Ces expressions font partie de notre quotidien. Sur le moment, il est difficile d’interpréter l’une d’elles mais grâce à vous nous pouvons mieux cerner nos collègues et notre direction.
Jean-Louis Muller
Oui, les amorces jeux de pouvoirs sont le plus souvent constituées avec un langage apparemment banal et commun. La proie potentielle n’y prête guère attention et se fait prendre dans le piège. D’autant plus que quelquefois, c’est ce que j’aborde dans mon prochain article, le ton est doux et le regard souriant.
ACP et psycho
Et quand le ton est doux et le regard souriant, il y a jeu de séduction pour faire passer quelque chose de potentiellement nocif. Donc il y a paradoxalité. La personne en face est déstabilisée, confuse de percevoir ces deux messages contradictoires et ne peut prendre aucune position, même si elle se sent mal à l’aise dans ses ressentis; Demander à la personne de préciser sa pensée est le meilleur moyen pour faire le point sur le ressenti que l’on a mais que l’on ne peut préciser. La suite infirmera, confirmera ou bien nous fera nous mettre à distance par protection primaire…
Jean-Louis Muller
Tout à fait. Les questions de type: »quelle est votre intention? », « que voulez vous? », » quel est votre objectif? » Et autres variantes, sont tout à fait appropriées.
Laurent
Il est vrai que la tournure d’une phrase peut transformer cette dernière en piège. Vous nous le prouvez à travers cet article que j’ai pris grand plaisir à lire. J’ai hâte de lire votre prochain sujet.
Jean-Louis Muller
Il existe néanmoins des personnes qui utilisent ces formules par maladresse, sans intention de nuire. Dans ce cas, nous pouvons les inviter à nous signifier plus clairement ce qu’elles veulent exprimer. Par exemple : » quel est votre message? » Ou : » quelle est votre intention? »