L’art oratoire charismatique consiste à établir une relation privilégiée, voire intime avec son auditoire. Même si le leader s’adresse à une foule de 10 000 personnes, chaque auditeur doit se sentir touché personnellement. Le leader porte en lui une part d’affects et d’irrationnel partagés avec son public. Sans cette part subjective, creuset de la confiance, l’argumentation, la plus solide et professionnelle soit-elle, se brise sur les lames de l’indifférence ou du rejet. La connivence est aussi un truc anti trac. Lorsqu’un orateur, avant son passage, pense à :
• Comment vais-je être ?
• Mes défauts vont-ils se voir ? • Suis-je bien maître de mon sujet ?
• Vais-je être capable de surmonter mon trac ?… …et autres variations, il fait une prestation médiocre. Il est centré sur « soi ». Cette centration sur soi s’observe aisément dans deux types de discours biaisés :
Discours incident : tics de langages ou tics gestuels répétés,Euh ! Euh ! Euh !, Voilà, voilà, voilà ; je vais essayer, je vais essayer… Ok ? Ok ? Ok ?
Gestes intempestifs : rythme saccadé des pieds, bras croisés tout le long de la présentation…
Discours libératoire : opinions affichées sous couvert d’informations objectives. « L’on constate que les K sont meilleurs que les F », « je ne veux pas prendre parti mais aujourd’hui la production est au service du commercial ».
En revanche, quand les pensées sont :
• Qu’est-ce que je veux qu’ils retiennent ?
• Qu’est-ce qu’ils doivent apprendre ?
• Quelles émotions vais-je susciter chez eux ?
L’orateur est centré sur les autres. Et comme « par hasard » son trac est maintenu à une dose optimale. Ni trop pour l’inhiber, ni trop peu pour maintenir sa vigilance. La connivence réside, pour une large part, dans cette capacité à se centrer sur les autres avant et pendant sa présentation. C’est cette centration sur autrui qui favorise l‘émergence du moment magique de la rencontre. La connivence consiste à rendre aisément accessible son message à l’auditoire.
Cinq pratiques vous y aident :
• 2 à 3 messages essentiels dans chaque intervention.
• Simplicité en parlant avec les mots de tous les jours.
• Répétition sous plusieurs angles.
• Illustration : des exemples, des exemples, des exemples .
•Théâtralisation : narrations, métaphores, aphorismes, proverbes… (faites une expérience, commencez une intervention par « Il était une fois » et vous obtenez immédiatement un degré élevé d’attention qu’il convient ensuite de maintenir).
La connivence s’établit aussi avec son corps :
• Le visage, les yeux.
• L’allure générale : droite sans raideur, stable, équilibrée – attention à l’asymétrie : buste incliné, tête penchée…
• Les gestes : cohérents avec le message, amples, vers le haut et le public, variés…
• Les déplacements : se servir d’ancres spatiales, par exemple se poster à un endroit pour signifier des choses négatives et à un autre endroit pour les choses positives.
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1 commentaire
Emmanuel Portanéry
Forte idée que celle des ancrages spatiaux ! en se positionnant à un endroit précis pour faire référence à une idée, un sentiment spécifique, le narrateur influence fortement son auditoire qui peut déjà ressentir ce qui va être dit de cette position la .
De même, le narrateur se trouve tout naturellement bien plus aligné ainsi sur les idées, les émotions et le sens de ce qu ‘il évoque ; ce genre de pratiques renforce donc tout naturellement et sans effort le charisme de tout un chacun dans la prise de parole en public.
A ce moment la , charisme, congruence et alignement vont de pairs, le message et l ‘ être s ‘ en trouvent unifié.
Bien Cordialement
Emmanuel