La question peut paraître incongrue, puisque le manager est avant tout une femme ou un homme ayant baigné dès sa naissance dans un corpus de valeurs incarné par les parents, l’école, les médias, les associations, les politiques et pour certains, la religion. Les mythes, les contes et les légendes sont autant de détours métaphoriques signifiant le bien et le mal.
L’éthique est une intériorisation de règles de conduites inscrites dans un continuum. L’éthique nous rend autant redevable vis-à-vis des ancêtres que des générations futures. Elle donne du sens aux actions et préserve du regard acéré de « l’œil de Caïn ».
L’éthique est un rempart contre les pulsions destructrices. Elle permet de limiter les phénomènes d’escalades symétriques : « Tu m’as fait mal, je te fais encore plus mal ».
L’éthique est un pari sur les autres et l’avenir : « Si je me comporte honnêtement avec les autres, probablement ils me le rendront. Si je les manipule, les dévalorise et les corrompt, je serais probablement la proie de ces mêmes comportements à mon égard. »
Mais les enjeux économiques et les pressions concurrentielles exacerbent la centration sur le court terme et invitent de nombreux managers à reléguer l’éthique au rang des « états d’âme » contre productifs. Il est tentant et efficace de réveiller les démons de la « loi du plus fort » avec des vérités telles que « Nous sommes en guerre économique », « la recherche de la compétitivité justifie tous les moyens », « c’est une question de survie pour l’entreprise »…
L’éthique du manager est mise à l’épreuve par les dilemmes qu’il traite. Les chartes éthiques fleurissent lors de conventions et de séminaires mais de nombreux managers se représentent leur fonction exclusivement sous l’angle de l’obtention résultats immédiats.
Ceux dont l’éthique est consistante continuent à se préoccuper au quotidien du capital humain, mais d’autres, étant persuadés qu’ils sont évalués sur les seuls critères de productivité laissent leurs principes au vestiaire. Nous rencontrons des managers qui obéissent aux ordres sans en confronter la pertinence. Des joutes s’initient alors sur le nombre de suppressions d’emploi comme si la quantité était une preuve de son importance et de ses responsabilités. Parfois le corps se venge, entraînant des insomnies ou des maux dermatologiques pour ces managers en proie à leur culpabilité.
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2 commentaires
Emmanuel Portanéry
Dans une société mondialisée, l ‘éthique des uns a des répercutions sur les affaires des autres ; ainsi que le dit Khalil Gibran : » pas une feuille de l ‘ arbre ne peut jaunir sans que l ‘arbre en soit averti tout entier » ; ainsi en a t ‘il été de la finance mondiale récemment .
Indépendamment de la vision humaniste que l’on peut avoir à ce sujet, je pense que le développement durable de l’économie mondiale est lié à l’éthique des affaires.
Et si nous faisions un parallèle avec l’évolution des espèces ? la coopération inter espèces marche beaucoup mieux sur du long terme que la compétition; peut être en est il de même dans le cas d’un » Darwinisme managérial » ?
Dans quel monde futur souhaitons nous vivre : un monde de managers adaptables et éthiques , ou un monde de managers non adaptables et non éthiques ?
Tout choix est acceptable , et tout choix a ses conséquences.
Aujourd’hui bien plus qu’hier, elles sont systémiques.
Bien Cordialement
Emmanuel
Legris
Je suis certaine que si les managers avaient un peu plus d’éthique, le monde tournerait plus rond.
En se souciant un peu plus des autres et de l’état de notre bonne vieille terre et en refusant massivement et collectivement l’autorité négative de certains grands patrons, il serait alors simple d’être éthique
Bien amicalement