Il n’y a pas que les hommes politiques qui font leur rentrée médiatique après la trêve estivale. Michel-Edouard Leclerc, le patron des super et hypermarchés du même nom, a fait un passage remarqué sur Europe 1 ce dimanche. Un passage remarqué par les médias, qui reprennent dans la foulée les propos du dirigeant avec la même rigueur que s’il s’agissait du ministre de l’Economie. Car Michel-Edouard Leclerc n’est pas venu parler uniquement de son entreprise, loin s’en faut. La voix et le visage des magasins Leclerc (c’est toujours lui qui parle aux médias, jamais un porte-parole ou un responsable de communication…) a donné son éclairage sur la situation économique du pays. Ainsi, il « ne voit pas » de reprise en France, observant que « la consommation tient, mais c’est très fragile ».
Mieux, le très médiatique patron offre quelques conseils directs au gouvernement. « Il y a une urgence pendant un an ou deux de ne pas toucher au pouvoir d’achat, ni (hausse de la) CSG, ni (de la) TVA », a-t-il notamment plaidé, ajoutant qu’ « il n’y a aucune visibilité (…) Il faut laisser les ménages programmer leurs dépenses ».
La communication de Michel-Edouard Leclerc est toujours intéressante à décrypter. Fidèle à lui-même, le dirigeant se pose comme un acteur important de l’économie française, dont les observations et déclarations font autorité. Mais il se positionne aussi comme un infatigable défenseur du pouvoir d’achat des ménages, rôle qu’il endosse à chaque fois qu’il prend la parole. Il adapte son niveau de langage aux dirigeants du pays mais aussi aux consommateurs moyens, quand il rappelle par exemple qu’il se place du point de vue « d’un ménage français » et « pas du chef d’entreprise qui ramène sa sauce ». Le ton est tantôt solennel, tantôt familier. Le propos est parfois général, parfois ciblé. Mais toujours concret et si possible percutant.
Cette manière de communiquer permet au patron des enseignes Leclerc d’être efficace sur deux fronts :
– Il est apprécié par les médias. Ignorant la langue de bois, les propos alambiqués et méandreux, il a toutes les qualités de ce que les journalistes appellent familièrement un « bon client » ;
– Il est bien identifié, connu et reconnu par le grand public, avec qui il entretient une certaine proximité. Ce qui est plutôt rare pour un chef d’entreprise.